Le Rire Médecin met particulièrement l’accent sur l’apprentissage du « jeu en hôpital ». En effet c’est un domaine qui nécessite un certain savoir-faire et des connaissances particulières. Les clowns sont formés durant 3 mois, alternant entre les apprentissages théoriques et pratiques. Par la suite, ils observent un duo de clowns aguerris puis participent eux-mêmes au cours des séances. Le but de tout cela est d’être le plus juste possible face à l’enfant. De ne rien dire ou faire qui puisse le perturber. Afin d’éviter tout dérapage, les comédiens prennent toujours connaissances de subtilités médicales qui pourraient influencer leur improvisation (parler lentement si l’enfant prend des médicaments influant sur ses mécanismes cognitifs,…). Plusieurs qualités dont l’empathie distanciée, une facilité à jouer en duo ou encore une énergie débordante (pouvoir improviser parfois jusqu’à 5 ou 6 heures) sont primordiales afin d’exercer son rôle « d’aide soignant humoristique » avec brio.
Certains parents sont parfois opposés à l’intervention des clowns, en particulier ceux d’enfants atteints de maladies engageant leur pronostic vital. Néanmoins ils adhèrent rapidement à cette joie et cette bonne humeur qu’apportent ces artistes à leur(s) enfant(s). Aucun patient n’est oublié. Il s’agit d’un service à part entière de l’hôpital : aujourd’hui le Rire Médecin est intégré dans 40 services pédiatriques de 14 hôpitaux différents. Les clowns sont « protégés » par une charte déontologique leur interdisant de jouer hors de l’hôpital. Cela empêche un trop grand attachement qui pourrait s’avérer perturbant pour le comédien ou l’enfant, voire ses parents. Cependant il est tout à fait possible de garder contact par mail. Les dons sont employés pour les deux tiers à rémunérer les comédiens et les formateurs car le bénévolat n’assurerait pas la qualité faisant le succès du Rire Médecin aujourd’hui. De plus, leur contrat de travail amène un certain nombre d’obligations professionnelles notamment la ponctualité, très importante vis-à-vis des jeunes patients.
Le développement de cette association ne cesse pas, bien au contraire : les candidatures sont plus nombreuses chaque année pour rejoindre la compagnie du Rire Médecin et il est désormais très valorisant pour un comédien d’avoir bénéficié de cette expérience et d’en faire la mention sur son curriculum vitae. La qualité des clowns va évidemment de pair avec l’essor de cette compagnie. Ce beau projet ne s’arrêtera pas là puisque l’objectif des cinq prochaines années est d’ouvrir un service par an dans un hôpital différent, et de professionnaliser toujours plus le clown hospitalier, car comme le dit le co-directeur de l’association, monsieur Avelot : « Le clown vient remettre de la vie, de la joie, de la bonne humeur dans la chambre » et ça, c’est un métier à part entière, de créer du bonheur.
Adrien Neuville